Le Triskell : Bien plus qu’un joli motif breton
Publié le 20/06/2025 • Histoire & Symboles • 5 min de lecture
Levez la main si vous avez un triskell quelque part chez vous.
Pendentif, bague, magnet sur le frigo, autocollant… Ce petit symbole à trois branches spiralées s’est glissé partout dans nos vies de Bretons. Mais entre nous, savez-vous vraiment ce qu’il raconte ?
Hier, en dessinant une nouvelle version pour nos créations Breizh Mood, je me suis arrêté sur ce motif que je trace depuis l’enfance. Et je me suis dit : « Il est temps de raconter la vraie histoire du triskell. »
Un symbole vieux comme nos pierres
Le triskell breton a plus de 2000 ans. Imaginez : quand les Romains débarquaient en Armorique, nos ancêtres celtes gravaient déjà ce motif sur leurs monuments.
La preuve ? Allez faire un tour aux mégalithes de Newgrange en Irlande (cousins celtes obligent) ou, plus près de chez nous, observez bien certaines pierres sculptées de nos chapelles bretonnes. Ce petit symbole traversait déjà les tempêtes quand l’Europe balbutiait encore.
Contrairement à ce qu’on lit parfois sur les sites touristiques, le triskell n’est pas « un symbole druidique mystérieux ». C’était le signe de reconnaissance des peuples celtes, notre signature collective gravée dans la pierre.
Trois branches, mille significations
Voici où ça devient passionnant : le triskell raconte plusieurs histoires en même temps.
Les trois éléments
Terre, mer, air. Nos ancêtres bretons vivaient avec ces forces naturelles au quotidien. Regardez autour de vous dans le Finistère : la terre fertile de l’Argoat, la mer sauvage de l’Armor, le vent qui sculpte nos paysages. Le triskell, c’est notre environnement résumé en trois courbes.
Les trois temps
Passé, présent, futur. Les Celtes pensaient le temps comme un cycle permanent. Le triskell exprime cette continuité : nous venons du passé, vivons le présent, construisons l’avenir. Une philosophie qu’on retrouve encore dans notre rapport à la tradition bretonne.
Les trois âges
Enfance, âge adulte, vieillesse. Dans la tradition celtique, chaque phase de la vie a sa richesse. Le triskell rappelle cette sagesse : respecter l’innocence de l’enfance, assumer les responsabilités de l’âge adulte, honorer l’expérience des anciens.
Les trois mondes
Le monde des vivants, celui des ancêtres, celui des divinités. Nos grand-mères bretonnes savaient ça intuitivement : elles allumaient des bougies pour les défunts, priaient les saints, vivaient avec les esprits de la lande.
Pourquoi trois, pas quatre ou cinq ?
Excellente question ! Dans la pensée celtique, le trois est le nombre de l’équilibre parfait.
Deux, c’est l’opposition (jour/nuit, bien/mal). Quatre, c’est la matière (les quatre points cardinaux). Mais trois ? Trois, c’est l’harmonie dynamique, le mouvement perpétuel, la vie qui pulse.
Regardez un triskell : impossible de dire où il commence et où il finit. C’est exactement ça, la vision celtique du monde : tout est lié, tout se transforme, rien ne s’arrête vraiment.
Le triskell moderne : entre mode et identité
Aujourd’hui, le triskell breton connaît un sacré succès. On le voit partout : tatouages, bijoux, déco, textile…
Mais attention aux contresens ! Le triskell n’est pas « juste un motif celtique cool ». Porter un triskell, c’est porter 2000 ans d’histoire bretonne, c’est affirmer son attachement à une vision du monde particulière.
Quand je le dessine pour nos créations Breizh Mood, je ne copie pas bêtement les modèles qu’on trouve partout. Je puise dans l’essence même du symbole : le mouvement, l’équilibre, la continuité. Je le rends contemporain tout en gardant son âme celtique.